L'assemblée nationale a voté des mesures majeures pour le développement du vélo en France lors du dernier projet de loi climat. A cette occasion, nous avons sollicité Guillaume Gouffier-Cha, député LREM du Val-de-Marne. Nous l'avions déjà interviewé au tout début de son mandat et il nous avait d'ailleurs fait visiter le Palais Bourbon après une belle balade à vélo. Quatre ans après notre dernière entrevue pour Velook, il nous semblait naturel de le recontacter sur le même thème : le développement du vélo en France. Guillaume Gouffier-Cha est également très investi sur d'autres sujets que le vélo comme le système des retraites ou l'égalité entre les hommes et les femmes.
Dans cette interview nous lui avons demandé de nous éclairer sur ce vote historique, l'application de ces mesures, son rôle au sein du Club des élus nationaux pour le vélo et les perspectives pour le vélo lors de la prochaine élection présidentielle.
Sans conteste, la principale mesure est l’ouverture de la prime à la conversion aux vélos à assistance électrique. La prime à la conversion ne sera plus réservée aux voitures.
Vendredi 9 avril au soir et samedi 10 avril, il a finalement beaucoup été question vélo dans l’hémicycle à l’occasion du projet de loi Climat. Il y a ce que nous avons voté et ce qui a été annoncé par les ministres pendant les débats dans l’hémicycle. Outre cet amendement qui fait évoluer la prime à la conversion, nous avons voté un amendement porté par les parlementaires du club des élus nationaux pour le vélo, qui cible en priorité les zones à faibles émission qui transforme la Prime à la conversion en une prime à la mobilité durable ouverte à toutes les formes de mobilités propres.
La prime VAE est élargie aux artisans voulant acheter un vélo-cargo et un surbonus est instauré pour équiper les camions de détecteurs angles morts et protéger ainsi les piétons et les cyclistes
Nous avons voté pour la mise en place de stationnements sécurisés pour les vélos au niveau des parkings relais dans les plans de mobilités.
Enfin, à l’occasion du débat en hémicycle a été annoncé le lancement du programme génération vélo, 21 millions d’€ pour déployer l’apprentissage du vélo des 6 à 11 ans en formant plus de 6000 intervenants pour assurer la formation des enfants et accompagner 800 000 enfants vers l’usage du vélo en autonomie. C’est la traduction de la volonté du déploiement concret à grande échelle du “savoir rouler”. Et nous avons également eu un engagement par les ministres, pendant les débats dans l’hémicycle, pour une mission parlementaire pour structurer la filière industrielle française du vélo. C’est pas mal, non ?
L’union fait la force : je pense qu’il y a consensus transpartisan au sein des députés. Fin mars, avec mes collègues coprésidents du club des élus nationaux pour le vélo (modem, socialiste, écologiste, en marche) nous avions appelé dans une tribune à inclure le vélo dans le projet de loi climat. C’est maintenant chose faite et je suis fier de ces avancées. Nos amendements ont été signés par 80 députés de tout bord. Ce consensus était partagé par le rapporteur en charge du titre « se déplacer » Jean-Marc Zulesi, et par les équipes ministérielles. Et puis le lobbying des associations, notamment la FUB et le Club des villes et territoires cyclables, a été très puissant. Le vélo figurait sur le logo du projet de loi, il fallait que la loi porte des avancées. Eh bien, ce sont des avancées historiques.
Longtemps le vélo a été de gauche, plus rarement de droite. Il y a un aujourd’hui accord transpartisan sur le vélo. Qui peut être contre le développement du vélo ? Le vélo est bon pour l’économie, la santé, et le climat.
Il faut déjà que la loi soit votée sans que les sénateurs reviennent sur ces avancées. Puis les décrets d’application seront certainement assez rapides. En tout cas, je suivrai ce sujet au sein du comité de pilotage du Plan vélo, dont je suis membre.
C’est le rassemblement de tous les parlementaires pro-vélo. Nous nous engageons à porter le vélo dans tous les textes de loi où cela est possible et nécessaire. Par essence transpartisan le club compte à ce jour 69 parlementaires, 16 sénateurs et 53 députés à ce jour – de sensibilités variées, rassemblées par la conviction que le vélo est un mode de déplacement d’avenir, qui ne présente que des bénéfices, à déployer sur tous les territoires. Les parlementaires pro-vélo s’appuient sur l’équipe du Club des villes et territoires cyclables, en échanges continus avec la FUB.
On va d’ailleurs lancer un cycle de visites auprès des industriels du vélo.
Le vélo doit être un sujet de toutes les campagnes à venir, aussi des élections régionales et départementales de ce mois de juin. A ce niveau, les collectivités locales peuvent porter des messages forts pour avancer sur un réseau cyclable sécurisé sur l’ensemble de la métropole.
A l’échelle nationale, nous avons porté énormément d’avancées depuis 2017, avec le plan vélo et la LOM notamment. Il reste le forfait mobilité durable à généraliser.
Oui, oui je continue à aller à l’Assemblée à vélo depuis Vincennes, et d’autant plus avec la crise sanitaire. Et de rentrer de nuit aussi, ce qui me permet d’apprécier les lumières de Paris, le long de la Seine, dans la ville déserte. Les coronapistes ont vraiment permis de faciliter le trajet. Mais pour tout vous dire, je suis passé au vélo à assistance électrique, avec de belles sacoches permettant d’accueillir également mon équipement de pluie. Cela me permet d’arriver en moins d’une demie heure à l’Assemblée, sans risque de devoir me changer.
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