9 fake news sur le vélo enfin rectifiées

La propagation des fake news ne concerne pas exclusivement la politique, le vélo en est aussi victime. Entre préjugés, désinformations de lobbyistes et ignorance, il nous a paru essentiel d'identifier les principales "fausses nouvelles" et de les démonter par tous les moyens !

Inspiré du très sérieux travail journalistique du site "Les décodeurs" du Monde.fr, nous nous sommes donc lancés à notre tour dans le fact-cheking et la dénonciation des fausses informations concernant le vélo.

Notre première démarche a été de lister toutes les contre-vérités, inepties et autres exagérations entendues ou lues sur le vélo ces derniers mois (et souvent ces dernières années). Pour éviter une liste longue et illisible, nous les avons regroupées pour aboutir à neuf "Fakenews".

La deuxième étape a consisté à réaliser un "Fact cheking", autrement dit une vérification des faits. L'équipe de Velook a scrupuleusement exploré la toile, les archives de journaux et pas mal d'interviews afin de démonter chacune de ces 9 contre-vérités. Dans cette article, nous préciserons donc systématiquement nos sources (sérieuses et fiables... quand il y en a) ou à minima le lien vers les sites officiels ou journalistiques de référence.

Enfin, nous avons recoupé tous ces éléments dans le but de vous offrir cet article "coup de poing" contre le vélo-bashing !

Récemment, nous avons publié un article sur le (triste) phénomène du vol de vélos en France (à découvrir ici). A cette occasion, nous avions lu un nombre incalculable de commentaires de "pseudo" experts sur la vente massive de vélos volés sur les sites de petites annonces entre particuliers. S'il est vrai que les articles consacrés à des cyclistes ayant retrouvé leur vélo volé sur LeBoncoin font régulièrement leur apparition dans les pages faits-divers des journaux régionaux, ce phénomène n'est en rien général et les vélos sur LeBoncoin ne sont, et de loin, pas tous des vélos volés.

Pour commencer, rappelons quelques données issues d'une étude sur le vol de vélo en France réalisée par le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique):

- 21 000 000 de vélos d'occasion en circulation;

- 400 000 vélos volés chaque année.

Les vélos volés représentent donc moins de 2% des vélos d'occasion en circulation dans l’hexagone.

Comparativement, le fameux site de bonnes affaires compte plus de 28 millions d'annonces chaque année dont 800 000 nouvelles chaque jour.

A l'heure où nous publions cet article, LeBoncoin compte 160 000 annonces dans la catégorie "Vélo". Il est vraisemblable d'estimer que le nombre total d'annonces chaque année dans cette catégorie est de 5,6 millions! ((160 000*28 000 000)/800 000=5 600 000). Par conséquent le nombre de vélos volés en France est très largement inférieur au nombre estimé de vélos en vente sur LeBoncoin.

Les centres urbains se transforment dans toutes les villes de France. Parmi les principaux changements,  l'apparition de pistes cyclables en lieu et place des zones de stationnement le long des rues. Ces nouvelles organisations de la ville ne se font pas sans difficultés et sont souvent confrontées aux peurs et résistances de la part des commerçants. En effet, les principales critiques des associations de commerçants portent sur la crainte de perdre leur clientèle en raison de l'impossibilité pour les "clients-automobilistes" de pouvoir se garer à proximité des commerces. 

Heureusement, des études sérieuses ont cherché à objectiver les craintes de ces commerçants face à la diminution des places de stationnement au profit des vélos. Les résultats sont sans appel.

Une enquête du très sérieux média "CityLab", publiée en 2015, a analysé 12 études sur le sujet et en a tiré des conclusions claires parfaitement illustrées par cet extrait de l'enquête : "Le prix de la meilleure infographie a été décernée à des recherches menées sur le comportement d'achat des cyclistes et des automobilistes à Melbourne, en Australie. La chercheuse Alison Lee révèle que l’automobiliste moyen va dépenser 27 $, et le cycliste 16,20 $ lors d’une même course. Cependant, quand on rapporte ces dépenses à l’espace de stationnement d’une voiture (qui prend la place de six vélos), on parle dans ce cas d’un volume d’achat de 97,20 $. Ce qui place les cyclistes largement devant l’automobiliste".

Enfin, une étude de 2003 intitulée "Commerces de centre-ville et de proximité et modes non motorisés", réalisée par l'Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), remet également en cause les craintes des commerçants : "Les clients non motorisés sont des clients au moins aussi bons que les automobilistes, au sens où certes ils achètent moins par visite, mais viennent plus souvent: ce sont des clients fidèles. Leurs revenus sont en outre tout à fait comparables à ceux des automobilistes".

Il n'est pas rare d'entendre des collègues, des amis ou des membres de sa famille dire : "a vélo, on ramasse toute la pollution de l'air. Au moins en voiture, on est l’abri de ça."

Pas de chance, les études montrent encore une fois l'inverse. Pour ceux qui n'aurait pas le courage de lire "L'Etude comparative sur l'exposition des cyclistes / automobilistes et risques sanitaires associés pendant les pics de pollution atmosphérique" (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), nous vous invitons à visionner cette courte vidéo de 2 minutes du magasine CONSOMAG. Vous ne manquerez plus d'arguments pour en finir avec cette contre-vérité.

Derrière cette fakenews, la vrai question à se poser est : "quel est le moyen de transport le plus rapide en ville?". De nouveau, les études de l'Ademe (et l'expérience de tous les cyclistes urbains) démontrent que pour une distance de moins de 5 km, le vélo est imbattable comparativement aux motos, scooters et automobiles. Au delà, il convient de signaler que le scooter est plus rapide sauf que la majorité des déplacements intra-urbains sont inférieurs à 5 km ! Si vous en doutez encore, le meilleur moyen de vous le prouver reste encore l'expérimentation : la preuve par l'essaie !

Les vélotafeurs sont des salariés se rendant sur leur lieu de travail ("Taf") à vélo. Ils sont de plus en plus en plus nombreux. Certains d'entre-eux partagent leur expérience et leurs conseils sur internet et les réseaux sociaux. La plupart raconte avoir entendu ce type de réflexions stéréotypées de la part de leurs collègues : "mais t'es pas trop transpirant quand t'arrive le matin?"...

S'il est vrai que tout effort physique intense a pour conséquence de nous faire transpirer, en revanche, il ne faut pas mélanger vélo en ville et cyclisme sportif. En effet, la pratique du vélo en ville n'est absolument pas comparable à une activité sportive. De même, qu'une marche à pied de 45 minutes n'est pas assimiliable à une jogging de 45 minutes. Pour le vélotaf, c'est la même chose.

Si nous n'avons pas trouvé d'études sur la question (certainement parce qu'il ne viendrait à l'idée d'aucun chercheur de lancer des recherches sur la transpiration en cas de marche urbaine), en revanche, nous vous invitons à interroger tous vos collègues venant au travail à vélo et pourquoi pas de vérifier l'absence d’auréole sous les bras ou dans le dos .

Pour aller plus loin, il est vrai que la transpiration va aussi dépendre de la chaleur extérieure. Ainsi un vélotafeur transpirera autant sous un soleil de plomb qu'une personne à pied. Les deux finiront par arriver "moites" au bureau.

En outre, les vêtements portés auront aussi des conséquences sur la transpiration. Ainsi, il est vrai qu'un vélotafeur portant des habits chauds, moulants, imperméables et un sac à dos de 20 kilos aura certainement des auréoles sous les bras et une flaque dans le dos ! Mais heureusement, aucun vélotafeur n'aurait l'idée de s'habiller de cette manière.

En bref, transpirer à vélo quand on va au travail, n'arrive jamais sauf si vous êtes trop habillés, que vous vous croyez sur une course du tour de France ou que la canicule bat son plein !

Enfin, peut-être que les automobilistes transpirent-ils aussi dans le dos lorsqu'ils sont bloqués et énervés dans les bouchons ? idem pour les usagers des transports en commun coincés comme des sardines dans un bus ou dans une rame de métro ?

A l'image de toute l'industrie manufacturière en France, il est vrai que beaucoup des vélos en vente en France sont fabriqués en Asie et principalement en Chine et à Taiwan. Cependant, il est heureusement encore possible de trouver des vélos "Made in France". Dans un ancien article consacré à l'achat de vélo sortie d'usine (à lire ici), nous avions publié la carte de France des fabricants de vélos.

S'agissant du nombre de vélos fabriqués en France, le Club des Villes et Territoires cyclables l'évalue à 1 million alors que la confédération européenne de l'industrie du vélo l'évalue à 720 000 vélos. Quelque soit le volume exacte, les vélos fabriqués en France représente près d'un tiers des vélos vendus dans l’hexagone chaque année (plus de 3 millions en 2016).

Parmi les principaux fabricants français, nous vous proposons de découvrir l'usine de fabrication et d'assemblage de vélo d'Arcade Cycles dans ce reportage vidéo :

Quand on se balade en ville ou à la campagne, chacun remarquera qu'il y a plus de voitures que de vélos dans les rues. Cette observation pourrait laisser à penser qu'il y aurait plus de voitures neuves que de vélos neufs vendus chaque année en France. C'est pourtant tout l'inverse.

Comme nous vous l'expliquions juste au-dessus, 3 millions de vélos neufs ont été vendus en France l'année dernière d'après l'Univélo (Association représentant les industriels du vélo) alors qu'il n'y a eu que 2,11 millions de voitures vendues l'année dernière d'après le très sérieux Comité des constructeurs français d’automobiles.

A ce rythme là, espérons que cette vielle croyance disparaisse d'elle-même.