Eve Coston, dessinatrice et vetotafeuse

L'interview qui (pour une fois) ne vous parle pas que de vélo d'occasion...

Eve Coton dessintrice Velotaf

 

Pour dénicher les meilleures astuces et les derniers conseils pratiques pour trouver et acheter un vélo d'occasion, nous réalisons une veille régulière sur les réseaux sociaux. Nous scrutons notamment les comptes du Boncoin, de Troc-vélo et de Décathlon... Mais au hasard des fils d'actualité, nous tombons parfois sur des comptes "Coup de coeur", de véritables pépites de la vélosphère.

Il y a quelques mois, nous avons découvert sur twitter les publications d'Eve Coston. Son compte @eveCoton, déjà suivi par plus de 1400 folowers , et son blog, "Chroniques du Velotaf", sont de véritables trésors pour tous ceux qui aiment le vélo et qui veulent sourire (ou prendre un fou rire) grâce à ses dessins illustrant parfaitement le quotidien d'une vélotafeuse parisienne. Eve a bien voulu nous accorder cette interview, riche, passionnante et annonciatrice de beaux projets !

Velook: Qui est donc @EveCoton?  

Eve: Je m'appelle Eve COSTON, j'ai 28 ans, je suis architecte, j'habite à Paris, vers Ledru-Rollin (12è) et je travaille en agence à Noisy le Grand. Je suis originaire de Haute-Loire et je suis arrivée sur Paris en 2010 pour mes études d'architectures. Ça fait donc 8 ans que j'habite la capitale, 2 ans et demi que je travaille dans mon agence et 1 an et demi que je me suis mise au vélotaf. J'ai toujours beaucoup dessiné, c'est ce qui m'a motivée pour entreprendre des études "d'archi". En parallèle de mon cursus universitaire, j'ai souvent croqué des épisodes de ma vie, sur papier pour ma famille, puis mes potes, mon école et finalement, tout l'internet!

Il y a 4 ans, avec ma grande sœur, j'ai traversé les Pyrénées à pied, de l'Atlantique à la Méditerranée, en autonomie pendant 2 mois et l'expérience était tellement forte que je me suis décidée à tout raconter, grâce au dessin, sur un blog

Quelques retours positifs mais pas beaucoup d'affluence: il faut croire que la randonnée a moins de succès que le vélo!

Dessin freins aux vélos d'occasion velotaf

Velook: Comment a débuté l'aventure de tes dessins "Velotaf"?

Eve: Après 1 an de RER A quotidien et en revenant de mes vacances annuelles de rando, j'ai essayé le vélotaf pour plusieurs raisons: c'était l'été, je voulais passer plus de temps en extérieur, le RER était en travaux et j'avais envie de faire plus de sport au quotidien. En août, donc, au moment où les conditions sont clémentes! Mon trajet fait minimum 15km (30km aller-retour, donc). Cette distance me paraissait énorme au début, j'ai donc commencé en fractionnant mon trajet: d'abord Vélib jusqu'à Vincennes, pour finir en RER. Le fait de pédaler tous les matins et tous les soirs me plaisait bien et j'ai vite eu envie d'essayer tout le trajet en vélo. Je n'en avais pas donc j'ai emprunté le vieux Peugeot d'un copain. Je me suis perdue dans le bois de Vincennes et j'ai mis 1h40 au lieux de 50 minutes mais j'ai adoré l'expérience.

C'est grâce à ma première expérience des chroniques dessinées de la randonnée que j'ai eu l'idée de me lancer dans les chroniques illustrées du vélotaf, sur twitter cette fois, pour raconter avec humour mes péripéties quotidiennes de newbie du vélotaf.

Je me suis vite rendue compte que twitter comptait une grosse communauté vélotaf très active et plutôt militante. Cependant, comme pour tous les sujets de sociétés, sur twitter les débats s'emballent vite et les discussions deviennent rapidement hermétiques entre les pro-vélos et les pro-bagnoles! Les cyclistes du quotidien réclament plus de moyen, plus de voies sécurisées, plus de respect de la part des autres usagers de la route, plus de médiation et un plan vélo cohérent et national.

Je m'inscris également dans cette démarche et désamorce les débats stériles grâce à l'humour et à la distance que me permet le dessin.

Velook : Dessines-tu sur ordinateur ou sur papier?

Eve : Je dessine sur papier, puis scanne les dessins, les nettoie sur Photoshop, parfois les vectorise sur Illustrator et les mets en page sur photoshop à nouveau. Pour la couleur, s'il y en a, Photoshop aussi. J'aimerais bien avoir plus de temps pour expérimenter des techniques, m'acheter une tablette graphique et dessiner directement sur ordinateur mais je bosse à plein temps à côté et n'ai pas vraiment le temps de creuser plus loin dans ce passe-temps. Mais je ne désespère pas que le bouquin sera un Best-Seller et que je pourrai vivre de mes dessins!

"L'idée du livre est de présenter tous les avantages du vélotaf "

Velook: Justement, dans quelques mois sort ton guide illustré du velotaf aux éditions Alternatives chez Gallimard. Quel a été le processus pour réaliser ce guide?

Eve: Finalement, ça s'est passé assez vite, c'était fou! J'ai commencé de poster les chroniques le 5 février 2018 sur twitter et j'ai été contacté par la maison d'édition directement, par mail, le 4 avril, soit à peine 2 mois plus tard. Des dessinateurs dont c'est le métier galèrent bien souvent pendant des années pour décrocher ce genre de contrat, j'ai eu vraiment beaucoup de chance.

Jérome Sorrel, l'auteur du guide, avait présenté son manuscrit un peu plus tôt cette année chez Gallimard et après lecture et acceptation de leur part, ils cherchaient donc un moyen de le rendre plus attractif, d'illustrer son propos. Jérôme m'a découvert sur twitter et a parlé de moi à l'éditeur. Ils sont donc allés voir mon travail avant de me contacter pour me proposer cette collaboration. Finalement, le format est mixte: entre de l'illustration littérale du texte et des planches de dessin indépendantes, en récit parallèle pour initier au vélotaf.

L'idée du livre est de présenter tous les avantages du vélotaf et d'expliquer le plus sincèrement et le plus simplement possible comment s'y mettre, en fonction de notre expérience personnelle, avec quel matos, pour quelle distance, quel vélo, quels vêtements, etc.

Je me sentais donc complètement raccord avec la ligne défendue par Jérôme et on a pu travailler ensemble depuis pour préparer la sortie du guide, prévue pour mars 2019. J'ai retravaillé certains dessins déjà postés sur twitter et j'en ai dessiné d'autres, qui seront donc dévoilés à la sortie du livre!

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Velook: Parmi tous tes dessins, lequel a suscité le plus de réaction? lequel préfères-tu?

Eve: Celui qui a suscité le plus de réaction est celui sur le SUV garé sur la piste cyclable (à découvrir juste au-dessus) qui m'oblige à me déporter sur la chaussée, pour ne pas voir la maman avec son fils prêt à traverser, caché par le-dit SUV, qui m'engueule alors que je pile au dernier moment, excédée contre les cyclistes, avant de rentrer dans... son propre SUV, garé sur la piste cyclable de l'autre côté de la route.

Ça ne m'a pas étonné que celui-ci rencontre beaucoup de réaction: c'est un exemple criant d'incivilité que nous, vélotafeurs, subissons au quotidien. Les automobilistes sont très énervés contre les vélos et les pensent responsables de tout ce qui va mal en ville alors qu'ils sont bien plus dangereux et bien moins alertes de leur environnement. Cette dame qui m'a crié dessus pour ne pas avoir assez anticipé n'a vu aucun problème à la voiture qui m'obligeait à cette manœuvre dangereuse et qui l'a cachait de ma vue. Et pour cause: elle était entrain de reproduire la même erreur, sans aucune remise en question...

Le dessin que je préfère concerne l'entretien absurde de la chaîne, que j'ai présenté en mode tutoriel pour finalement déraper et péter les plombs avec le petit chien d'une grand mère...

Velook: Tes dessins nous invitent au vélotaf. Faut-il y voir une forme de militantisme pro-vélo ou simplement un support pour exprimer ton art?

Eve: Probablement un peu des deux. Quand j'ai commencé, ça n'avait aucune vocation militante ou activiste, l'idée était juste de raconter des gags concernant mes trajets, des anecdotes sur le vélo. Mais finalement, ça me permet également de dénoncer les incivilités du quotidien et les situations dans lesquelles celles et ceux qui souhaitent se déplacer à vélo aujourd'hui peuvent se retrouver. Ce n'est malheureusement pas tous les jours faciles alors que le vélo devrait être la manière la plus évidente de se déplacer en ville, pour des distances moyennes (entre 2 et 20 km).

En parlant avec des gens qui n'ont jamais essayé, on obtient un peu tout le temps les même réactions: C'est trop loin, trop fatigant, je vais transpirer, comment je fais quand il fait trop froid? ou trop chaud? et pour amener mes enfants à l'école? et pour déménager? et la nuit c'est trop dangereux, etc... Egalement tous les poncifs sur les cyclistes: "ils ne respectent pas les feux, ils roulent sur les trottoirs, ils roulent sur la chaussée, ils vont trop vite, ils sont trop lents, etc." Bref, je me suis vite dit que le dessin serait un bon moyen d'aborder tous ces sujets sans contrarier et sans bloquer les opinions pour au contraire, ouvrir au maximum cette pratique au plus grand nombre en montrant, grâce à l'humour que c'est vraiment à la portée de tous et que beaucoup d'idées reçues sont fausses.

" l'idée était juste de raconter des gags concernant mes trajets, des anecdotes sur le vélo. Mais finalement, ça me permet également de dénoncer les incivilités du quotidien"

Entretien d'une chaîne à vélo

Velook: Quel conseil donnerais-tu à nos lecteurs pour dénicher un vélo d'occasion? As-tu une bonne adresse à leur recommander?  

Eve: C'est difficile de conseiller l'achat d'un vélo et de fait, peu de gens s'y risquent! Ainsi, je vais reprendre le discours de beaucoup: ça dépend de beaucoup de choses: la longueur du trajet, le budget, le temps qu'on souhaite passer en entretien, le type de terrain...

Personnellement, sur mon expérience, voilà comment j'ai fait: D'abord, les vélos en livre service. C'est quand même super pratique si on a un trajet entièrement couvert par le réseau car: pas besoin d'antivol, d'entretien, de le garer ou d'y faire plus attention qu'en nécessite son usage sur quelques kilomètres... Cependant, ils sont lourds, peu flexibles et dépendants des stations. En tout cas, si on n'a jamais pratiqué le vélotaf et qu'on n'est pas sûrs d'aimer ça, on peut commencer par là pour les tests in situ!

Ensuite, deuxième étape: Décathlon. Ce n'est pas de l'occase mais ça permet de tester plusieurs vélos sur plusieurs jours (voir semaines, voir mois...), avant de le rendre pour se faire intégralement rembourser, quelque soit le nombre de kilomètres parcourus avec! Le fait de pouvoir rendre un vélo, sous 365 jours, sans aucune condition m'a personnellement permis de passer le cap pour m'acheter mon propre vélo en en ayant essayé plusieurs, ce qui m'a permis de définir plus précisément ce dont j'avais besoin/envie comme type de cadre, position, hauteur, accessoires, etc.

Une fois les deux premières étapes réalisées, normalement, on est vraiment motivé pour se mettre définitivement au vélotaf et on est prêt à s'acheter son propre vélo, avec des besoins bien définis! Ensuite pour acheter un vélo d'occase, Le site Le bon coin regorge d'offres en la matière, surtout dans les grandes villes. Le site www.velotaf.com comporte également son lot d'annonces et de conseils qui méritent le coup d’œil. Sinon, n'importe quel vélociste devrait faire le taff! Attention cependant à apprendre un minimum de vocabulaire spécifique avant de rentrer dans une boutique pour ne pas être trop pris de haut, surtout si vous êtes une femme (mais c'est une autre histoire)!

Quel vélo d'occasion choisir?

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