Vous avez forcément déjà croisé une des illustrations de Clod dans un magazine, une revue, sur internet ou à l'arrière d'un kiosque à journaux.
Pour être tout à fait honnête, nous aimions son travail avant même de savoir qu'il existait. Nous avons compris assez récemment qu'il s'agissait de la même personne derrière la dizaine d'illustration sur le thème de vélo que nous croisions dans le cadre de notre veille pour notre revue de presse sur le vélo.
Et puis un jour, un post Linkedin de Clod partagé par une de nos connaissances est apparu dans notre fil d'actualité. De fil en aiguille, nous avons découvert son compte Linkedin, son actualité et surtout son site internet qui répertorie tout son travail. On a redécouvert des unes de magazines, sourit devant des illustrations pleines d'humour et on a surtout voulu en savoir plus.
On l'a donc contacté dans le cadre de notre série d'interview d'entrepreneur.es du vélo. Vous allez découvrir le cerveau qui se cache derrière ces illustrations.
Enfin, il a eu la gentillesse de nous autoriser à publier quelques-unes de ses illustrations.
Je suis illustrateur. Je réalise des illustrations pour la presse, l’édition, la communication et la publicité. Entre deux commandes, je développe des projets personnels sous forme de livres, tirages d’art ou encore d’articles sur le métier d’illustrateur dans lesquels je partage mon expérience.
Je suis devenu illustrateur « autodidacte » par passion. Je suis animé d’une passion de l’image sans faille, qui me permet de garder une motivation à toute épreuve.
L’inspiration est partout pour celui qui regarde bien le monde qui l’entoure. J’ai développé une sorte de sens qui me permet de capter immédiatement un élément inspirant dans mon entourage. Cela peut être une couleur, une texture, un comportement, une phrase… Je crois qu’il faut être une sorte d’éponge de son époque pour pouvoir retranscrire dans son travail un je-ne-sais-quoi qui touche les gens. Je collectionne précieusement dans des carnets, mes idées, mes réflexions, mes esquisses… Je puise aussi beaucoup dans les livres, romans et essais. J’ai la chance de ne pas connaître la page blanche car j’ai toujours mille idées qui demandent à être couchées sur le papier.
Les contraintes dans les commandes varient d’un projet à l’autre. De manière générale les contraintes augmentent suivant les secteurs, dans ce sens : édition, presse, communication et publicité. Les budgets vont aussi croissants de la même manière. N’oublions pas que le métier d’illustrateur - tel que je le pratique – c’est de répondre à un besoin et que je suis payé pour ça. En ce sens je me considère plus comme un prestataire ou un artisan. Par contre, j’ai la chance d’avoir un « style » graphique suffisamment personnel pour lequel mes clients viennent frapper à ma porte. En gros, quand on me contacte, on vient chercher du Clod. C’est assez confortable, épanouissant et ça simplifie beaucoup le processus créatif.
Une fois la question du prix réglée, on passe rapidement au besoin du client (le brief). A la lecture de ce dernier, j’ai déjà des idées qui naissent. Il faut les coucher rapidement sur le papier même grossièrement. La plupart ne valent pas grand-chose mais il arrive que certaines premières idées soient bonnes. L’idéal c’est de pouvoir laisser reposer une journée ou deux sachant que le cerveau travaille en fond. Après ce laps de temps, les idées arrivent souvent plus facilement. J’envoie des esquisses au client, il en choisit une, il y a parfois des corrections et je finalise en couleur l’illustration. La plupart du temps ça se passe très bien, mais il arrive que le client se soit trompé en me choisissant pour son projet. Je n’hésite jamais à dire franchement les choses avant d’être complètement enlisé dans un projet dont le résultat ne satisfera personne.
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Le vélo est indissociablement lié à mon enfance. J’ai le souvenir très précis de la première fois où j’ai réussi à pédaler sans les petites roues. Ce sentiment de joie et de liberté ne m’a jamais quitté. Aujourd’hui encore, à chaque premier coup de pédale, je ressens très fortement ces sensations. Je considère avant tout le vélo comme une façon de vivre - spirituelle serait un mot un peu fort, mais pas loin. C’est aussi mon mode de déplacement privilégié. Il est souvent question de méditation ces derniers temps, j’ai envie de dire « vous avez essayé le vélo ? » Il se trouve que notre époque découvre les bienfaits de la pratique cycliste (du moins en France) et que le vélo est la réponse à beaucoup de nos préoccupations sociétales : environnement, santé, bien-être, économique… Et j’en passe. J’espère contribuer, à mon échelle, à donner une image positive de cette pratique en glissant le plus souvent possible un petit vélo dans mes illustrations. C’est une forme d’engagement doux qui me correspond bien.
J’ai développé une série de 21 images sous forme de tirages d’art signés, intitulé Les Petits Vélos de Clod. Je suis très fier de ce projet. Après avoir exposé ce travail à Paris en 2019, je suis heureux de voir que l’exposition continue de tourner, notamment au printemps dans le Pays basque et en ce moment à Bagnolet. Ce projet m’a permis de décrocher des commandes sur la thématique du vélo, pour des affiches d’événements ou des articles dans la presse. Une façon encore de promouvoir la pratique du vélo et donner du sens à mon activité professionnelle.
Plus largement, je rêve à l’idée d’un atelier vélographique, qui serait une sorte de lieu dans lequel je travaillerais mes images, qui servirait aussi d’atelier technique pour vélos et pourquoi pas de lieu pour exposer images, vélos et idées sur ce thème. Seul ou à plusieurs. Je ne sais pas si j’aurai un jour le temps et le courage de développer ce projet. Il y a la question du coût car à Paris, les espaces sont onéreux.
À titre personnel je ne me considère pas comme un dessinateur de presse. Le dessinateur de presse n’illustre pas un propos contenu dans un article, il expose un point de vue sur un sujet. Le dessin de presse se suffit à lui-même en quelque sorte. L’illustrateur illustre un propos ou un message contenu dans un article. Les illustrations font souvent office de porte d’entrée dans un article ou un dossier parfois ardu ou sensible. Cela permet de dédramatiser un sujet ou de le rendre plus abordable. Même si je fais appel au dessin pour la réalisation de mes images, au final, mes illustrations sont des sortes de compositions graphiques assez éloignées de la pratique même du dessin. Pour moi, les deux métiers sont différents. Quant aux conseils que je pourrais donner à quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’aventure de l’illustration et du vélo, j’ai toujours du mal, car je crois que chaque expérience est différente. Néanmoins il y a une piste évoquée dans la question, c’est le mot « passion ». Un passionné trouvera la force et l’énergie nécessaires pour s’engager dans une aventure. Sans passion, le découragement apparaîtra très rapidement. Et au fond de nous on sait si on est animé par la passion, inutile de se mentir à soi-même.
J’aurais tendance à penser que la façon la plus simple de dénicher un vélo d’occasion rapidement, serait de visiter un site de vente en ligne connu de tous. Mais je sais qu’il y a dans les immeubles de nombreux locaux remplis de vélos qui prennent la poussière - c’est le cas dans mon immeuble - et que certains de ces vélos sont de véritables petits bijoux vintages. Ce sont des sortes de cavernes d’Ali Baba qui ne demandent qu’à être découvertes.
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