Pénurie mondiale de vélos !

L’année 2020 restera dans les mémoires. Bien sûr, la pandémie mondiale est l’évènement majeur de cette année folle, mais elle a des conséquences inattendues sur notre façon de bouger, de nous déplacer. La voiture se casse la figure, plus personne ne prend l’avion, tout le monde cherche à éviter les transports en commun. Le grand gagnant de l’année écoulée est ... le vélo ! 

Petit retour en arrière. Nous sommes au cœur de l’hiver 2019, il y a un an. L’usine mondiale de pièces détachées, la Chine, découvre un virus meurtrier et décide de confiner quelques millions de personnes. Dans la foulée, ou presque, le virus arrive en Europe et se propage dans le monde entier. Les états confinent leur population chacun à leur tour, et la planète vit un printemps à l’arrêt. Chacun reste chez soi et les usines sont fermées. Cette période de trouble dans l’organisation mondiale de production de biens va faire beaucoup de mal à de nombreuses industries, et beaucoup de bien à celle du vélo. 

C’est, d’abord, l’envie de ne pas se mélanger dans les grandes villes, et donc, de fuir les transports en commun, qui va pousser les français (pas que) à se déplacer en vélo. La période est propice. C’est l’été qui commence. Il fait beau. Le vélo électrique s’est démocratisé depuis quelques années. Même les villes (Paris en tête) ont profité de ce confinement pour aménager des pistes cyclables à tout va ! Alors, tout le monde s’y met ! La demande explose. Les vélos se vendent bien et les carnets de commandes se remplissent.

Le problème est que la production a été stoppée ou lourdement perturbée pendant 3 mois... La production de vélos fonctionne en flux tendus en fonction des commandes. Certains fabricants possèdent des stocks tampons mais ils ne suffisent bientôt plus pour alimenter la demande croissante. Un vélo est composé d’une multitude de pièces détachées, et il est impossible de vendre un vélo s’il lui manque un dérailleur, une chaine, ou sa batterie. 

Cerise sur le gâteau, de nombreux pays re-confinent à l’automne. Les commandes de vélos n’ont pas baissé, et l’on commence à se rendre compte que les délais de livraisons s’allongent. Il faut désormais jusqu’à six mois dans certains réseaux pour livrer un vélo neuf. Dans ce contexte, les équipes cyclistes professionnelles qui achètent ou se font prêter cent à deux cent vélos chaque année, doivent toutes se réapprovisionner en machines et en matériels de rechange. Elles ont, pour la plupart, déjà vendu leur parc machines, et certaines annulent même des ventes pour que leurs coureurs aient encore un vélo pour s’entrainer. Chez Shimano, plus possible de trouver du matos ! Les équipes sont alors en alerte pour équiper leurs coureurs correctement. Certaines équipes vont même changer de fournisseurs pour fournir leurs coureurs. C’est le cas de la « Charente Maritime Women Cycling », équipe UCI féminine, qui passe de l’équipementier Shimano à Campagnolo, faute d’avoir trouvé à temps du matériel. C’est aussi le cas d’AG2R La Mondiale Citroën. Est-ce pour la même raison ? Difficile à dire pour le moment. Mais des équipementiers moins présents dans le peloton professionnel, comme Campagnolo et Sram, pourraient bien tirer leur épingle du jeu en 2021. 

Le manque de vélos neufs en magasins profite au marché de l’occasion. De nombreux vélos d’occasion se vendent chaque année, et ce mode de consommation commence à satisfaire de plus en plus de personnes.

Le marché du vélo d’occasion a le vent en poupe ! Vive le vélo d’occasion !

Cet article a été rédigé par Laurent Caron, créateur du premier site de revente de vélos d'occasion d'équipes professionnelles de cyclisme, Bike in the race.

Laurent nous avait expliqué cette analyse lors d'un échange téléphonique. Véritable expert des vélos d'occasion des équipes pro, nous lui avions demandé une version écrite à partager avec nos lecteurs. Nous souhaitons le remercier d'avoir partager cet article sur velook.fr. Cet article n'a pas été sponsorisé.

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